Login

Face à la sécheresse changer de braquet Face à la sécheresse changer de braquet

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Alors que le dérèglement climatique est visiblement à l’œuvre, que les sécheresses sont de plus en plus récurrentes, accompagnées qui plus est d’épisodes de canicule, les dispositifs de soutien et d’indemnisation paraissent aujourd’hui dépassés par l’envergure du problème. On le constate une fois de plus cette année, face à l’ampleur des dégâts (lire page 20).

Oui, il est temps de s’interroger sur la pertinence d’outils qui, pour la plupart, datent de plusieurs décennies. Au moins faudrait-il les revisiter, les toiletter, voire être inventif. Ce n’est pas un dégrèvement de taxe sur le foncier non bâti par-ci, une autorisation de pâturage sur jachère par-là (arrivée souvent trop tardivement) qui sont en mesure de remettre en selle une ferme frappée plusieurs années de suite, ni même une avance sur les aides Pac (dont se gargarisent ministre et autorités européennes). Nous sommes passés dans une autre dimension à cause de la récurrence du phénomène sécheresse… Le dispositif des calamités agricoles est en l’état une machine administrative beaucoup trop lourde face à des sinistres qui demandent au contraire de la réactivité. Le temps que les expertises départementales soient diligentées, que votre dossier validé passe les seuils couperets de pertes, ce n’est que l’année d’après que vous pouvez espérer toucher totalement votre indemnisation. Entre-temps, il faut tenir… Certes, pourrait-on rétorquer, il y a l’assurance récolte privée, mais pour des raisons de seuil de déclenchement jugé trop élevé, sa souscription plafonne depuis plusieurs années. La procédure européenne omnibus avait pourtant offert la possibilité d’abaisser à 20 % ce critère, mais la France l’a refusée ! La dernière idée en date est de la rendre obligatoire, mais elle divise les professionnels agricoles.

C’est donc une réflexion globale, sur l’ensemble de la boîte à outils, fiscalité comprise, qu’il faudrait mener avec la profession agricole pour se préparer à cette nouvelle donne climatique. Changer de braquet, ce serait aussi admettre que la meilleure des assurances sécheresse réside dans la constitution de réserves, qui peuvent intervenir non seulement pour l’irrigation, mais aussi en soutien d’étiage. Il n’y a qu’en France où l’on voit un tel dogmatisme anti-stockage ! Du reste, le taux d’irrigation de la SAU est en dessous de la moyenne européenne. Nous sommes même tombés derrière des pays plus septentrionaux comme le Danemark ou les Pays-Bas qui, eux, préparent efficacement l’avenir… Il y a eu tellement de déconvenues sur ce sujet qu’on a du mal à croire les dernières belles paroles du ministre de l’Agriculture. Surtout, on aimerait entendre son homologue de la Transition écologique sur cette même longueur d’onde (lire page 24).

 

 

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement